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Le casino et le cantonnier
par Laurent Cordonnier

I. Les armes de la finance

« Le monde de la haute finance, a pu écrire John Kenneth Galbraith, se laisse seulement comprendre si l’on a conscience que le maximum d’admiration va à ceux-là mêmes qui fraient la voie aux plus grandes catastrophes. » Réfléchissant aux causes de la Grande Dépression, l’économiste américain portait un regard sévère sur la spéculationboursière et sur l’inflation des actifs financiers. Aux dépens de l’une et de l’autre, le système de régulation mis en place à Bretton Woods en 1944 privilégiait la stabilité.

A l’aube des années 1980 et pendant près d’un quart de siècle, ceux qui « frayèrent la voie » à la mondialisation financière firent l’objet d’un véritable culte. Promettant un « nouvel âge » du capitalisme, ils forgèrent des instruments capables de « libérer » les échanges et les flux de capitaux. Ainsi, du Chili aux Etats-Unis, en passant par la France et le Royaume-Uni, la dérégulation, les privatisations et l’extension de la spéculation ont créé un monde centré sur les intérêts des actionnaires.

Nul ne put s’opposer efficacement à ces mesures. Car leurs promoteurs avaient aussi remporté la bataille des idées en discréditant toute autre politique ; et présenté la leur comme « la seule possible » après la chute du mur de Berlin. « Ils » n’étaient pas seulement des banquiers, des patrons, des économistes et des journalistes, mais aussi des hauts fonctionnaires et des politiques.

Telle est la singularité du néolibéralisme : avant d’être érigé en dogme par les institutions financières internationales et commissionné par l’Union européenne, le dépouillement de l’Etat fut organisé par les Etats eux-mêmes.

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